La surveillance et riposte intersectorielles contre les zoonoses

Les faits montrent que 60% des maladies infectieuses chez l’homme (et 75% des maladies émergentes) sont d’origine animale. De même, cinq nouvelles maladies humaines apparaissent chaque année dont trois sont d’origine animale. Une surveillance efficace implique donc une articulation entre les autorités de santé publique, les services vétérinaires et les instances chargées de l’environnement, conformément à l’initiative « One Health » (une seule santé) lancée au début des années 2000 et actuellement promu aussi bien par les Organisations Mondiales de la Santé Humaine et Animale (OMS et OIE).

Le réseau SEGA – One Health, c’est aujourd’hui un réseau interdisciplinaire d’experts et de hauts responsables de la santé (épidémiologistes, biologistes, vétérinaires, responsables de la lutte anti vectorielle, chercheurs…), basé sur des liens privilégiés de confiance, qui contribue à développer l’intelligence épidémiologique pour détecter au plus tôt les épidémies et réduire leur impact sur les populations.

Mais encore, le réseau SEGA One Health c’est plusieurs systèmes de surveillance de maladies zoonotiques fonctionnels aussi bien au niveau régional qu’au niveau des pays.

1. Surveillance régionale de la résistance aux antibiotiques au niveau régional

Définie comme une priorité mondiale aussi bien par l’OMS, l’OIE mais aussi les Nations Unies, l’antibiorésistance est une thématique fédératrice qui intéresse tous les secteurs : santé publique, santé animale, environnement. Elle fait l’objet d’une surveillance One Health au niveau régional dans les Etats membres de la COI. Cette surveillance régionale cible particulièrement les Entérobactéries productrices de Bétalactamases à Spectre élargi ou (EBLSE) qui peuvent induire des résistances à plusieurs famille d’antibiotiques en même temps. Toutefois, en plus de ces EBLSE, chaque pays ajoute des germes spécifiques d’importance nationale.

Au niveau santé humaine, la surveillance est basée sur le laboratoire, avec un accent particulier sur les prélèvements d’origines communautaires tandis qu’en santé animale, il s’agit d’enquêtes transversales répétées chez les animaux de rente.

Ce réseau de surveillance animée piloté par le CIRAD, dans le cadre de son partenariat avec la COI, voit la participation de centre d’excellence dans ce domaine comme l’Institut Pasteur de Madagascar et le laboratoire de Centre Hospitalier de Saint Denis La Réunion. Outre l’animation, les appuis au pays ont consisté aussi à l’équipement des laboratoires qui en ont eu besoin et à la construction de compétence via des formations animées par des experts du réseau SEGA One Health. Une procédure de contrôle qualité est prévue. De même que l’interaction avec la recherche pour identifier les supports moléculaires de ces résistances.

2. Surveillance et lutte contre la rage à Madagascar

Des mortalités humaines dues à la rage sont enregistrées chaque année à Madagascar. De même, plusieurs foyers de rage animale, que ce soit sur des chiens ou sur des ruminants sont rapportés chaque année. L’appui de la COI à la surveillance et à la lutte contre la rage a commencé depuis le RSIE2. En termes d’innovation, et pour aller dans le sens d’une stratégie, il s’agit maintenant d’accompagner Madagascar dans l’élimination de la rage.

L’UVS participe à un groupe de travail sur la rage. Ce groupe inclut toutes les parties prenantes (les départements ministériels concernés dans les deux secteurs, l’Institut Pasteur de Madagascar qui abrite le laboratoire national de référence). La surveillance de la rage est intégrée au sein du réseau MADSUR (sentinelle et national) du côté animal, intégrant aussi des données nécessaires au côté santé humaine. Et la surveillance des cas de rage et des cas de morsure est incluse dans le cadre du SIMR du côté santé humaine. Pour ce qui est des investigations en cas de foyer, elles entrent dans le cadre des appuis à l’investigation. De même les activités de communications et de sensibilisations sont intégrées dans la ligne communication.

L’appui passe par la mise en œuvre de mesures de contrôle appropriées en fonction du niveau de circulation de la rage dans les différents districts. Cela inclut, de façon non exhaustive, les campagnes de vaccination des chiens, la gestion des populations canines et toutes les dépenses y afférentes.

Voyant les efforts fournis par le pays en matière de lutte contre la rage, et aussi sous l’impulsion de discussion avec l’UVS et la DSV de Madagascar, l’OIE a décidé d’attribuer 100000 doses de vaccins antirabique à Madagascar. La COI, via le projet RSIE3, va continuer à appuyer la mise en œuvre de la campagne de vaccination utilisant ces 100000 doses, aussi bien sur le plan technique que sur le plan logistique. La mise en œuvre de cette campagne de vaccination se fait avec l’appui technique et financier de la COI dans le cadre du réseau SEGA One health, à travers le projets RSIE3 et 4.

3. Surveillance de la fièvre de la vallée du Rift et de la fièvre Q aux Comores

La fièvre de la vallée du Rift (FVR) et la fièvre Q sont deux maladies abortives des petits ruminants, transmissibles à l’homme, et qui sont toutes les deux endémiques aux Comores et présentes sur les trois Îles. La surveillance côté santé animale détecte régulièrement des épisodes d’avortements chez les ruminants, sans qu’aucune confirmation de laboratoire ne soit effectuée. Côté santé humaine, on note aussi des épidémies de syndrome dengue-like et/ou des syndromes grippaux, dont ces maladies peuvent en être la cause. Face à ce constat, les autorités comoriennes ont demandé l’appui du réseau SEGA – One Health pour mettre en place une surveillance One Health de ces deux maladies. Depuis janvier 2016, cette surveillance est opérationnelle, avec l’appui de la COI. La FVR et la fièvre Q ont été intégrées à la surveillance sentinelle des fièvres au niveau santé humaine. Elles font également partie des maladies abortives au niveau du réseau national d’épidémiosurveillance des maladies animales aux Comores (RENESMAC). Des procédures de communications intersectorielles sont fonctionnelles. Des alertes ont été détectées et investiguées collectivement (santé animale/santé humaine). Les prélèvements biologiques sont effectuées et analysés à l’IPM ou au CIRAD à la Réunion.

4. Surveillance des pathogènes chez les chauve-souris à Maurice

Cette activité, commencée depuis 2019, consiste à prélever des chauve-souris à Maurice et de suivre la circulation d’agents pathogènes qui sont tous zoonotiques (Ebola, Fièvre de Marburg, leptospirose, rage…). Les analyses sont effectuées par l’Institut Pasteur de Madagascar. Considérant le rôle des chauve-souris dans la transmission des maladies à l’homme (Ebola, coronavirus…), cette surveillance sera une activité continue avec une campagne de prélèvement chaque année.