Surveillance des maladies animales dans l’océan Indien

Outre les maladies transmissibles à l’homme, la préoccupation majeure des services vétérinaires sont les maladies à fort impact économique. En effet, ces maladies peuvent décimer des proportions importantes du cheptel. La réduction de 60% de la population porcine à Madagascar lors de l’introduction de la peste porcine Africaine en 1998 en est un exemple concret.

En dehors des pertes directes dues à la mortalité et du fait que les animaux domestiques constituent une source de protéine pour les populations, l’élevage est aussi une source de trésorerie, de capitalisation des gains, d’énergie et d’engrais pour les travaux agricoles. Ce type de maladie porte atteinte directement au bien-être et à la qualité de vie des populations.

Ces maladies à fort impact économique constituent la grande majorité des maladies prioritaires dans les îles du sud-ouest de l’océan Indien. La COI et le CIRAD, à travers le réseau SEGA – One Health, et grâce au projet veille sanitaire, a intégré parmi ces objectifs de structuration du réseau régional, la surveillance de ces maladies animales. Elle répond ainsi aux objectifs des pays mais aussi aide à structurer les capacités de surveillance en général pour détecter aussi les zoonoses.

Les maladies prioritaires

Parmi ces maladies animales prioritaires, il y a celles qui sont d’importance régionale car elles sont classées parmi les maladies transfrontalières, à capacité de diffusion rapide et/ou à impact économique considérable en cas de foyers. Certaines sont encore absentes des îles du sud-ouest de l’océan Indien mais sont sous vigilance du fait des dangers qu’elles représentent. Ces maladies d’importances régionales sont :

  • La grippe aviaire
  • La maladie de Newcastle
  • La fièvre aphteuse
  • La péripneumonie contagieuse bovine
  • La peste des petits ruminants
  • Les pestes porcines africaine/classique
  • La fièvre de la vallée du Rift
  • La dermatose nodulaire contagieuse bovine

En plus de ces maladies d’importance régionale, les spécificités des contextes de chaque pays impliquent des maladies prioritaires différentes. À titre d’exemple, on recense les maladies charbonneuses à Madagascar, la théilériose aux Comores ou encore la pleuropneumonie contagieuse caprine à Maurice. Les maladies transmises par les tiques, comme les babésioses, l’Anaplasmose et la cowdriose, sont aussi surveillées dans tous les pays.

Les appuis à la surveillance nationale dans chaque pays

Le renforcement de la surveillance nationale dans les pays a pour objectifs de :

  • renforcer la surveillance nationale pour détecter des alertes, les investiguer et faire des ripostes appropriées,
  • suivre la tendance des maladies pour mieux cibler les interventions et vérifier l’efficacité des mesures de lutte.

De plus, une surveillance nationale efficace est nécessaire pour générer des informations sanitaires à échanger au niveau régional.

Un appui adapté selon les contextes de chaque pays

L’appui de la COI se fait à différents niveaux en fonction des contextes des pays :

  • montage de nouveau réseau de surveillance et/ou renforcement de réseau existant
  • construction de compétences
  • appui au diagnostic
  • formation/animation régulière
  • appui aux investigations
  • appui à la réalisation de bulletins épidémiologiques nationaux

La surveillance au niveau régional

La surveillance au niveau régional consiste essentiellement au partage des informations sanitaires entre les pays, couplé à une veille sanitaire internationale réalisée par la COI. En pratique, tous les mois, les responsables de surveillance des pays participent à une téléconférence animée par la COI et le CIRAD et pendant laquelle chacun expose la situation sanitaire dans son pays. Ces téléconférences sont aussi l’occasion de poser les questions et de faire des échanges d’expérience, que ce soit par rapport à la situation sanitaire exposée par un pays, ou bien une question technique qui intéresse particulièrement un pays.

Veille internationale

Pour ce qui est de la veille sanitaire internationale, l’Unité de veille sanitaire de la COI (UVS-COI) réalise quotidiennement une vérification des événements sanitaires pouvant représenter un risque pour la région. En cas d’urgence, les services vétérinaires sont avertis immédiatement par courriel ou par téléphone. Les résultats de cette activité de veille sanitaire sont synthétisés et partagés tous les mois pendant la téléconférence.

Le programme de E-surveillance régionale

Par ailleurs, au sein du réseau SEGA – One health, depuis début 2016, l’UVS-COI a monté un programme régional de surveillance électronique des maladies animales ou E-surveillance. En effet, le dénominateur commun des problèmes des pays était la remontée des données. Dans le cadre de cette E-surveillance, tout en respectant les spécificités des systèmes de surveillance de chaque pays en termes de dispositif de terrain et de maladies prioritaires, les données sont saisies sur smartphone à chaque visite de ferme. Puis elles sont envoyées via le smartphone même vers une base de données en ligne. Chaque pays a sa base de données qui est administrée par l’unité de surveillance des services vétérinaires. Tous les vétérinaires et agents de terrain qui collectent les données ont accès à la base données. La E-surveillance est actuellement opérationnelle aux Seychelles, à Madagascar, à Maurice et aux Comores.

Ces bases de données des pays ont la même structure, avec les mêmes variables. Au niveau régional, cela permet de regrouper les données et de faire une analyse commune des données pour identifier les tendances des maladies communes aux pays.