Risques sanitaires dans l’espace COI
Voici une liste non exhaustive des crises sanitaires ayant eu lieu dans l’espace COI depuis l’épidémie de chikungunya en 2006 :
La surveillance au niveau régional
La surveillance au niveau régional consiste essentiellement au partage des informations sanitaires entre les pays. Cette dernière est couplée à une veille sanitaire internationale réalisée par la COI. En pratique, tous les mois, les responsables de surveillance des pays participent à une téléconférence animée par la COI et le CIRAD. Chacun y expose la situation sanitaire dans son pays. Ces téléconférences sont aussi l’occasion de poser les questions et de faire des échanges d’expérience.
L’Unité de veille sanitaire de la COI réalise quotidiennement une vérification des événements sanitaires pouvant représenter un risque pour la région. En cas d’urgence, les services vétérinaires sont avertis immédiatement par courriel ou par téléphone. Les résultats de cette activité de veille sanitaire sont synthétisés et partagés tous les mois via téléconférence.
Depuis début 2016, un programme régional de surveillance électronique des maladies animales ou e-surveillance existe. En effet, le dénominateur commun des problèmes des pays était la remontée des données. Dans le cadre de cette e-surveillance, tout en respectant les spécificités des systèmes de surveillance de chaque pays en termes de dispositif de terrain et de maladies prioritaires, les données sont saisies sur smartphone à chaque visite de ferme. Elles sont ensuite envoyées vers une base de données en ligne. Chaque pays dispose de sa base de données, administrée par l’unité de surveillance des services vétérinaires. La e-surveillance est actuellement opérationnelle aux Seychelles, à Madagascar, à Maurice et aux Comores.
Ces bases de données des pays ont la même structure, avec les mêmes variables. Au niveau régional, cela permet de regrouper les données et de faire une analyse commune afin d’identifier les tendances de maladies communes aux pays.
La surveillance et riposte intersectorielles contre les zoonoses
60% des maladies infectieuses chez l’homme (et 75% des maladies émergentes) sont d’origine animale. De même, cinq nouvelles maladies humaines apparaissent chaque année dont trois sont d’origine animale. Une surveillance efficace implique donc une articulation entre les autorités de santé publique, les services vétérinaires et les instances chargées de l’environnement. Et ce, conformément à l’initiative « One Health » (une seule santé) promue par les Organisations Mondiales de la Santé Humaine et Animale (OMS et OMSA).
Elle est définie comme une priorité mondiale aussi bien par l’OMS, l’OMSA mais aussi les Nations Unies. L’antibiorésistance est une thématique fédératrice qui intéresse tous les secteurs : santé publique, santé animale, environnement. Elle fait l’objet d’une surveillance One Health au niveau régional dans les États membres de la COI. Cette surveillance régionale cible particulièrement les Entérobactéries productrices de Bétalactamases à Spectre élargi ou (EBLSE) qui peuvent induire des résistances à plusieurs famille d’antibiotiques en même temps. Toutefois, en plus de ces EBLSE, chaque pays ajoute des germes spécifiques d’importance nationale.
Au niveau santé humaine, cette surveillance est basée sur les laboratoires. Un accent particulier est mis sur les prélèvements d’origines communautaires. En ce qui concerne la santé animale, il s’agit d’enquêtes transversales répétées chez les animaux de rente.
Ce réseau de surveillance animée est piloté par le CIRAD, dans le cadre de son partenariat avec la COI. De plus, ce réseau bénéficie également de la participation de centres d’excellence à l’instar de l’Institut Pasteur de Madagascar et du laboratoire de Centre Hospitalier de Saint Denis (La Réunion). Outre l’animation, les appuis aux pays ont consisté aussi à l’équipement des laboratoires qui en ont eu besoin et à la construction de compétence via des formations animées par des experts du réseau SEGA One Health. Une procédure de contrôle qualité est prévue. De même que l’interaction avec la recherche pour identifier les supports moléculaires de ces résistances.
Des mortalités humaines dues à la rage sont enregistrées chaque année à Madagascar. De même, plusieurs foyers de rage animale, que ce soit sur des chiens ou sur des ruminants sont rapportés chaque année. L’appui de la COI à la surveillance et à la lutte contre la rage a commencé depuis le RSIE2. Il s’agit maintenant d’accompagner Madagascar dans l’élimination de la rage.
Du côté animal, la surveillance de la rage est intégrée au sein du réseau MADSUR, intégrant aussi des données nécessaires pour la santé humaine. Pour la santé humaine, la surveillance des cas de rage et de morsure est incluse dans le cadre du SIMR.Pour ce qui est des investigations en cas de foyer, elles entrent dans le cadre des appuis à l’investigation.
L’appui passe par la mise en œuvre de mesures de contrôle appropriées. Ces contrôles se font en fonction du niveau de circulation de la rage dans les différents districts. Cela inclut, de façon non exhaustive, les campagnes de vaccination des chiens, la gestion des populations canines et toutes les dépenses y afférentes.
Voyant les efforts fournis par le pays en matière de lutte contre la rage, et aussi sous l’impulsion de discussion avec l’UVS et la DSV de Madagascar, l’OIE a décidé d’attribuer 100000 doses de vaccins antirabique à Madagascar. La mise en œuvre de cette campagne de vaccination se fait avec l’appui technique et financier de la COI dans le cadre du réseau SEGA One health, à travers le projets RSIE3 et 4.
La fièvre de la vallée du Rift (FVR) et la fièvre Q sont deux maladies abortives des petits ruminant. Elles sont transmissibles à l’homme, et qui sont toutes les deux endémiques aux Comores et présentes sur les trois Îles.
La surveillance côté santé animale détecte régulièrement des épisodes d’avortements chez les ruminants, sans qu’aucune confirmation de laboratoire ne soit effectuée. Côté santé humaine, on note aussi des épidémies de syndrome similaires à la dengue et/ou des syndromes grippaux, dont ces maladies peuvent en être la cause.
Depuis janvier 2016, une surveillance One Health est opérationnelle, avec l’appui de la COI. La FVR et la fièvre Q ont été intégrées à la surveillance sentinelle des fièvres au niveau santé humaine. Elles font également partie des maladies abortives au niveau du réseau national d’épidémiosurveillance des maladies animales aux Comores (RENESMAC). Des procédures de communications intersectorielles sont fonctionnelles. Des alertes ont été détectées et investiguées collectivement (santé animale/santé humaine). Les prélèvements biologiques sont effectuées et analysés à l’IPM ou au CIRAD à la Réunion.
Cette activité, commencée depuis 2019, consiste à prélever des chauve-souris à Maurice et de suivre la circulation d’agents pathogènes qui sont tous zoonotiques (Ebola, Fièvre de Marburg, leptospirose, rage…). Les analyses sont effectuées par l’Institut Pasteur de Madagascar. Considérant le rôle des chauve-souris dans la transmission des maladies à l’homme (Ebola, coronavirus…), cette surveillance sera une activité continue avec une campagne de prélèvement chaque année.
Surveillance des maladies animales dans l’océan Indien
Outre les maladies transmissibles à l’homme, la préoccupation majeure des services vétérinaires sont les maladies à fort impact économique. En effet, ces maladies peuvent décimer des proportions importantes du cheptel. La réduction de 60% de la population porcine à Madagascar lors de l’introduction de la peste porcine Africaine en 1998 en est un exemple concret.
En dehors des pertes directes dues à la mortalité et du fait que les animaux domestiques constituent une source de protéine pour les populations, l’élevage est aussi une source de trésorerie, de capitalisation des gains, d’énergie et d’engrais pour les travaux agricoles. Ce type de maladie porte atteinte directement au bien-être et à la qualité de vie des populations.
Parmi ces maladies animales prioritaires, il y a celles qui sont d’importance régionale. Celles-ci sont classées parmi les maladies transfrontalières, à capacité de diffusion rapide et/ou à impact économique considérable en cas de foyers. Certaines sont encore absentes des îles du sud-ouest de l’océan Indien mais sont sous vigilance du fait des dangers qu’elles représentent. Ces maladies d’importances régionales sont :
- grippe aviaire
- maladie de Newcastle
- fièvre aphteuse
- péripneumonie contagieuse bovine
- peste des petits ruminants
- pestes porcines africaine/classique
- fièvre de la vallée du Rift
- dermatose nodulaire contagieuse bovine
Les spécificités des contextes de chaque pays impliquent des maladies prioritaires différentes. À titre d’exemple, on recense les maladies charbonneuses à Madagascar, la théilériose aux Comores ou encore la pleuropneumonie contagieuse caprine à Maurice. Les maladies transmises par les tiques, comme les babésioses, l’Anaplasmose et la cowdriose, sont aussi surveillées dans tous les pays.
Le renforcement de la surveillance nationale dans les pays a pour objectifs de :
- renforcer la surveillance nationale pour détecter des alertes, les investiguer et faire des ripostes appropriées,
- suivre la tendance des maladies pour mieux cibler les interventions et vérifier l’efficacité des mesures de lutte.
De plus, une surveillance nationale efficace est nécessaire pour générer des informations sanitaires à échanger au niveau régional.
Un appui adapté selon les contextes de chaque pays
L’appui de la COI se fait à différents niveaux en fonction des contextes des pays :
- montage de nouveau réseau de surveillance et/ou renforcement de réseau existant
- construction de compétences
- appui au diagnostic
- formation/animation régulière
- appui aux investigations
- appui à la réalisation de bulletins épidémiologiques nationaux
La COI a pu impulser puis consolider les systèmes de surveillance dans les États membres :
- Réseau national d’epidémiosurveillance des maladies animales aux Comores (RENESMAC)
- Madagascar Diseases Animal Surveillance (MADSUR)
- surveillance des maladies animales à Maurice, incluant aussi Rodrigues
- surveillance des maladies animales aux Seychelles
Communiqué | Plus de 70 000 chiens et chats vaccinés contre la rage à Madagascar entre 2022 et 2024
Madagascar, 28 septembre 2024 - La Journée mondiale de lutte contre la rage, célébrée le 28 septembre, est l’occasion de faire le point sur[... lire plus]
4 priorités retenues suite à l’atelier One Health aux Comores
Un atelier national One Health s'est déroulé aux Comores du 20 au 22 aout 2024. Objectif : renforcer la coordination intersectorielle. Cet atelier s'est concentré[... lire plus]
Accompagner Madagascar dans la lutte contre la rage
Depuis 2022, Madagascar est au cœur de campagnes de vaccination contre la rage, menées dans le cadre du réseau SEGA - One Health de[... lire plus]
Dengue à Maurice : que fait le réseau SEGA – One Health ?
Maurice fait face actuellement à une épidémie de Dengue, une maladie virale transmise par les moustiques. Pour faire face à cette menace sanitaire, le[... lire plus]
Communiqué | Un nouveau laboratoire P3 pour Maurice
Maurice - 06 décembre 2023 - Le laboratoire de sécurité biologique (BSL-3), communément appelé laboratoire P3 (protection de niveau 3), a été inauguré le[... lire plus]
Communiqué | Réseau SEGA – One Health : bilan 2023, plan d’action 2024 et perspectives
Maurice, 04 – 05 décembre – Le Comité de pilotage du réseau SEGA - One Health de la Commission de l'océan Indien (COI) a[... lire plus]