« Les antibiotiques, ce n’est pas automatique. »

Ce slogan de la sécurité sociale française a marqué les esprits depuis une décennie. L’objectif : rappeler que la prise d’antibiotiques n’est pas anodine et que des prises trop régulières peuvent entraîner une résistance aux effets recherchés. De fait, la prévention et le traitement des maladies peuvent s’en trouver altérer.

Ce constat, le réseau SEGA – One Health de la COI l’a dressé dans la région. Cette action porte sur les populations humaines mais aussi sur les animaux. En effet, le secteur de l’élevage est un grand consommateur d’antibiotiques. La résistance aux antibiotiques rend plus difficile le traitement de pathologies. A la clé, risque accru de maladie, augmentation des dépenses médicales, risques d’hospitalisation ou de mortalité accrus.

Quelles actions du réseau SEGA – One Health ?

Le réseau SEGA – One Health mène des activités de surveillance de la résistance aux antibiotiques dans le cadre de son « réseau de laboratoires de l’océan Indien ». C’est une activité périodique réalisée avec l’appui du CIRAD.

La surveillance sur l’antibiorésistance est conduite une fois par an pour évaluer. Il s’agit d’évaluer l’évolution de la qualité des traitements aux antibiotiques tant au sein des populations humaines qu’animales (élevages) notamment chez les animaux dans la région COI.

Les objectifs sont de :

  • Suivre la tendance des résistances d’E. coli en milieu communautaire
  • Identifier le profil de co-résistance aux antibiotiques
  • Evaluer les alternatives thérapeutiques potentielles
  • Identifier les gènes qui supportent cette résistance
  • Déterminer les liens potentiels entre les souches ou clones identifiés chez l’Homme et celles observées au sein d’autres sphères écologiques
  • Identifier des voies potentielles de diffusion de cette résistance entre l’homme, l’animal et/ou l’environnement.

Quels résultats   ?

La surveillance pour l’antibiorésistance en santé humaine a démarré. Cette surveillance porte sur les entérobactéries responsables de résistance à large échelle. Le réseau SEGA – One Health mobilise également les laboratoires de la région pour conduire des analyses à partir de prélèvements communautaires. Ces prélèvements ont démontré des niveaux de prévalence de résistance et des types de résistance aux antibiotiques différents selon les territoires. Cette surveillance a permis de montrer que l’infection urinaire est la cause majeure d’infection communautaire, et l’uropathogène le plus fréquemment incriminé est E.coli. De plus, E.coli est l’hôte de résistances enzymatiques acquises de type betalactamase à spectre étendu (BLSE), qui est un problème de santé publique majeur. Sur les souches investiguées, la majorité (50%) est uniquement résistante aux fluoroquinolones. L’autre partie, correspondant à 40% des isolats, est à la fois résistante aux céphalosporines de 3ème génération (C3G) et aux fluoroquinolones. Moins de 10% sont uniquement résistances aux C3G.

Cette répartition des phénotypes est différente selon l’origine géographique des souches d’E.coli. En effet, les souches provenant de Maurice et des Seychelles ont une répartition très proche, avec plus de 60% de souches uniquement résistantes aux fluoroquinolones, et une minorité de souches résistantes uniquement aux C3G. Madagascar a un recrutement bien différent, avec une majorité de souches résistantes aux C3G et aux fluoroquinolones. La Réunion a une répartition encore différente, avec autant de souches uniquement résistantes aux fluoroquinolones et de souches à la fois résistantes aux C3G et aux fluoroquinolones. Ces résistances doivent continuer à être surveillées et contrôlées pour éviter que des traitements contre certaines angines ou des gastro-entérites bactériennes échouent.

Ceci indique une évolution de l’antibiorésistance au sein des communautés. Le réseau SEGA – One Health envisage ainsi de sensibiliser les prescripteurs sur les antibiotiques critiques ainsi que la population sur l’utilisation de ces traitements.

Prochainement, le programme de surveillance de l’antibiorésistance sera étendu aux Comores. Cela permettra d’avoir des données spécifiques pour le pays quant à la résistance aux Qantibiotiques. Le programme sera également étendu à la santé animale avec des prélèvements dans les élevages.

Des antiobiotiques, pour quoi ?

Les antibiotiques servent à soigner les infections causées par des bactéries.

L’E. coli, c’est quoi ?

C’est une bactérie naturellement présente dans les intestins. Mais, dépassé un certain seuil, cette bactérie peut provoquer des maladies comme la gastro-entérite ou la méningite.

Quelques chiffres

Plus de 60% de souches uniquement résistantes aux fluoroquinolones pour Maurice et Seychelles, et une minorité de souches résistantes uniquement aux C3G. Madagascar a un recrutement bien différent, avec une majorité de souches résistantes aux C3G et aux fluoroquinolones.